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Interview de Rand Fishkin
- 12 mai 2013
- Publié par : sylvain Peyronnet
- Catégorie : interview
Pour la newsletter dite “de spoonylife”, j’avais eu la chance d’interviewer Rand Fishkin. Pour que tout le monde puisse profiter de cet entretien (que j’ai mené par mail), le voici.
Rand Fishkin (que vous pouvez admirer sur cette magnifique photo de presse) a très sympathiquement accepté de répondre à quelques questions.
Rand est le patron de la société SEOmoz. A l’origine, SEOmoz c’est un site web et une communauté, avec pour centre d’intérêt le SEO. Mais depuis 2010, SEOmoz s’est recentré sur le developpement et la vente de logiciels pour le référencement web. Rand est une figure mondial de la communauté SEO, reconnu pour son expertise et pour son travail constant pour faire comprendre au monde l’intérêt du référencement web. Enfin, il est l’un des auteurs du livre “the art of SEO”, paru chez O’Reilly Media.
Mais passons aux questions et surtout aux réponses !
Vous êtes le fondateur et CEO de SEOmoz, étiez vous dans le milieu du référencement avant de commencer cette aventure ?
J’ai commencé à m’intéresser au SEO en dilettante à partir de 2002, et plus sérieusement à partir de 2003 quand j’ai commencé à participer à de nombreux forums sur le sujet. En 2004, j’ai ouvert le blog SEOmoz pour partager mes connaissances et mes expériences.
Est-ce que vous avez eu du mal à démarrer SEOmoz à cause de votre âge, de vos diplômes ou de ce genre de chose ?
J’ai surtout dû me battre contre mon propre manque de maturité. Mon absence de diplôme universitaire n’a eu d’autre incidence que les nombreuses critiques reçues de la part de membres de ma famille. En revanche, j’aurais aimé avoir plus de mentors et de connexions avec le monde des start-ups. Cela m’aurait éviter de nombreuses et grosses erreurs.
Vous avez dans le passé obtenu de l’argent d’investisseurs extérieurs. Est-ce que cela a été profitable ? Avez vous obtenu plus que de l’argent par ce biais ?
L’argent apporté par Ignition Partners et Curious Office en 2007 a marqué un tournant très positif pour moi, et pour la société. En plus de l’argent, cela nous a fourni un but et deux mentors (Michelle Goldberg et Kelly Smith). Sans ces mentors, SEOmoz serait loin d’être une entreprise aussi développée. Nous avons mis en place, guidés par les investisseurs, un comité de direction, et développé une vraie discipline et stratégie d’entreprise.
SEOmoz ne fait plus de conseil depuis 2010 et est devenu une société qui fait du développement d’outils SEO. On considère généralement que les métiers du conseil sont très profitables, y a t-il une raison cachée à un tel changement stratégique ?
En fait, nous avons arrêté le conseil en 2009. Mais, dès 2008, le conseil ne représentait qu’environ 15 % du chiffre d’affaires de la société. Le conseil est un bon business, mais la marge opérationnelle se situe généralement aux alentours de 40 à 50 %, tandis que le développement et la vente de logiciels permet d’obtenir une marge de 70 à 85 %. Par ailleurs, le conseil n’est pas un métier qui attire les investissements extérieurs. En acceptant un financement externe en 2007, nous nous sommes naturellement mis sur la voie du changement vers le logiciel.
Est-ce que vous pensez que toutes les entreprises ont besoin du SEO ? Est-ce que vous avez déjà refusé un client auquel vous n’aviez rien à apporter ?
Le référencement web n’est absolument pas une nécessité pour tout le monde. Certaines sociétés n’ont besoin que d’un réseau solide et de recommandations.
Nous avons refusé de nombreux clients dans nos activités de conseil, et pas seulement parce que nous pensions qu’ils n’avaient pas besoin de conseil en référencement. Nous l’avons fait lorqu’il paraissait évident que nous aurions du mal à dialoguer avec les managers chez le client, ou quand d’autres tâches prioritaires devaient être réalisées auparavant (par exemple mettre en place une stratégie web de base).
Quelle est la valeur ajoutée obtenue en contractant avec une agence externe plutôt qu’en prenant un consultant et en réalisant le travail technique à l’interne ?
Principalement, cela permet d’obtenir une mise en perspective grâce au regard neuf d’un expert extérieur. Mais il est également intéressant d’avoir une équipe in-house. Je recommande d’avoir les deux approches simultanément, ce que nous avons d’ailleurs fait il y a quelques années en contractant avec Distilled.
Vous êtes très impliqué dans des actions de communication sur le SEO. Quelle est la perception, aux USA, du grand public et des entreprises concernant ce secteur d’activité ? En france, le SEO est peu connu, et est parfois vu négativement, peut-être à cause d’une confusion entre le SEO et le spam (entretenue par le folklore blackhat). Est-ce que vous observez le même phénomène ?
Oui, c’est bien triste mais nous observons les même problèmes ici aux USA. Les spammeurs peuvent atteindre des milliers de personnes via le mass emailing et la manipulation des commentaires de blogs, tandis qu’un référenceur professionnel n’atteint que peu de personnes qui ont vraiment le besoin cible. On est donc devant une problématique de quantité face à la qualité, et c’est cela qui crée cette mauvaise perception de ce qu’est le référencement. le bon coté des choses est que de nombreux individus et entreprises n’investissent pas comme il le faudrait en matière de référencement, ce qui crée des opportunités supplémentaires pour ceux qui le font.
Si aujourd’hui vous deviez monter une entreprise “web”, par exemple de e-commerce, mais sans argent ou presque. Est-ce que vous utiliseriez des techniques de référencement borderlines ? Est-ce que le jeu en vaudrait la chandelle ?
Si votre but est de rester en activité longtemps, de construire une marque et de fournir de la valeur ajoutée à vos utilisateurs, alors la réponse est “absolument pas” !
Question à propos de notre meilleur ami/ennemi : Google. Dernièrement, la fréquence des modifications chez Google semble augmenter très vite. Est-ce le symptôme de quelque chose ?
On peut avoir l’impression d’une accélération, mais je ne pense pas que le rythme ait changé dans les trois dernières années. C’est juste que Google communique plus sur ces actions modificatives (voir par exemple notre historique http://www.seomoz.org/google-algorithm-change). Par ailleurs, la communauté du référencement a maintenant une approche plus scientifique et détaillée concernant les changements (en utilisant des services du type de http://mozcast.com).
Est-ce que vous pensez que la suprématie de Google est finie ? Est-ce que les sites sociaux (FaceBook, Pinterest, etc.) sont en train de tuer le modèle Google ? Existe-t-il un futur pour le référencement où les sites sociaux seront plus importants que le reste ?
A mon avis, les changements nombreux ne sont indicateurs ni d’une ascension, ni d’une chute, de Google. Il a été récemment annoncé que le nombre de recherches journalières était supérieur à 3 milliards, ce qui correspond à une croissance massive du volume de requêtes ces dernières années. Nous sommes peut-être dans une ère où Google n’est plus la seule force motrice pour le trafic sur le web, mais Google reste toujours une force dominante. Je serais choqué de voir des sites sociaux dépasser le trafic induit par Google dans les quatre prochaines années.
Merci à Rand pour toutes ces réponses !